La Convention française de science-fiction 2002 à Tilff, Belgique

En août 2002, j'ai eu le plaisir de m'envoler vers la Belgique sur les ailes du Conseil des Arts du Canada. Et si on m'a si gentiment donné cet argent, c'est que j'avais une invitation en bonne et due forme pour me rendre à la Convention française de science-fiction. Car l'événement avait lieu, cette année, au pays des brumes légendaires des histoires de Jean Ray.

Et pourquoi avoir invité un auteur d'histoires d'épouvante à un congrès de science-fiction? Les Belges, je crois, ne détestent pas ce que j'écris (pour les rares qui ont l'occasion de me lire). Et comme la Belgique est une terre de fantastique, que celui-ci a déteint sur toutes les formes d'art là-bas, tant du côté wallon que du côté flamand, faut-il se surprendre qu'une convention de science-fiction tenue en Belgique soit soudain infestée de deux auteurs de fantastique, en Serena Gentilhomme et moi?



le château de Tilff

La Convention avait lieu dans le château de Tilff, tout près de Liège, passablement plus élégant qu'un hôtel au centre-ville, et il y avait ceci d'intéressant que les tables rondes, les panels et les débats avaient lieu dans les caves du château, basses et voûtées. Belle atmosphère!



Les caves du château
De gauche à droite: Yann Minh, Claude Ecken, Alain Dartevelle, Serena Gentilhomme, Joëlle Wintrebert.


Ah, mais laissez-moi vous dire qu'à titre d'invité, j'en ai travaillé un coup! Je me rendais justement à ma première activité, une entrevue, lorsque les choses ont bizarrement tourné. Le temps de le dire, j'étais menotté. Une juge en costume et maillet à la main se tenait devant moi. Mon entrevue est devenue mon procès, et Serena, que je croyais mon avocate, se trouvait à l'autre bout de ma chaîne. Il faut dire qu'elle avait eu la mauvaise idée de se déguiser en Bolduc. La Cour n'a voulu courir aucun risque et a donc jugé les deux. Nous fûmes soumis à la question.


Les innocents

L'organisatrice de cette activité, Sara Doke, avait pris connaissance de la nouvelle «Livraison exceptionnelle», parue en 2002 dans la revue Solaris, et dans laquelle Serena et moi nous amusions avec des espèces de tueurs en série, de vrais natural born killers. Le procès avait d'ailleurs pour titre «Natural Born Writers», et les questions posées avaient presque toutes rapport à nos nouvelles. Le jury était composé de l'assistance, et j'ai reçu quelques coups de maillet.



Dans la crypte


Une fois correctement jugé et justement châtié, j'ai pu assister à un panel au fin fond d'une crypte. Je ne sais pas à quand remontait la dernière grande convention à s'être tenue au château de Tilff, mais Serena et moi avons en tout cas rencontré un fan qui attendait depuis trop longtemps. Quand je lui ai serré la main, celle-ci s'est émiettée.



Pervers1

Lors d'un panel sur la notion de perversité dans la science-fiction (remarquez la projection sur le mur. Il y en avait de sucrées, gracieuseté de Yann Minh), le seul n'ayant pas eu lieu dans les caves et au sein duquel m'accompagnaient les auteurs Joëlle Wintrebert, Thierry Chantraine, Roland C. Wagner et Yann Minh, je tente ici de repousser un mauvais sort jailli de l'assistance.

Pour ceux que ça intéresse, il en est ressorti que la science-fiction n'est pas perverse en soi. La perversité implique une certaine notion de plaisir, alors qu'en science-fiction, des actes en apparences pervers peuvent tout aussi bien représenter une nécessité, voire une chose normale en soi, tout dépendant du contexte. Ainsi, il n'est pas pervers pour un père de s'accoupler avec sa fille s'ils sont les derniers êtres humains vivants. Je n'ai pas manqué de faire remarquer qu'en général, la situation était contraire en fantastique, ou à tout le moins en littérature d'épouvante, alors que la notion de plaisir a souvent beaucoup à avoir avec l'acte dit pervers. Mioume mioume.



Pervers 2
Les auteurs sont-ils pervers? Il est bon de se le demander, car soudain, ce fut au diable les beaux discours. On voulait voir, nous aussi!



Peau bleuâtre

Évidemment, en Belgique, on est parfois confronté à l'inexplicable, ce qui inclut les rencontres inopinées. Décalage horaire? Bière? Toujours est-il que j'étais un peu confus, mais pas assez pour rater les belles pitounes de Bruxelles.



Porte de l'enfer

Je me souviens aussi m'être égaré dans des endroits franchement suspects en me rendant aux toilettes du restaurant Halloween.



Bain mousseux

En Belgique, même les bains ont quelque chose de fantastique...


Photos prises par Claude Bolduc et Serena Gentilhomme.
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